Un retour aux sources avec Pandaléon

Pandaleon

Lorsqu’est venu le temps d’enregistrer leur troisième album, les gars de Pandaléon sont retournés à l’école.

Littéralement.

Originaires du petit village ontarien de St-Bernardin, à un jet de pierre de la frontière québécoise, Frédéric et Jean-Philippe Levac (frères de l’humoriste et comédienne Katerine Levac) et leur comparse Marc-André Labelle ont voulu revisiter leur école primaire, abandonnée depuis des années. Le groupe cherchait surtout à tester l’acoustique non conventionnelle des lieux, mais, de façon plus philosophique, on imagine que l’entreprise relevait aussi du retour aux sources.

Nostalgie? Quête de l’enfance? L’un des grands paradoxes de l’expression créative est que plus l’artiste propose une démarche personnelle, plus il s’approche de l’universel. Pour ces trois gars issus de la campagne (mais qui n’ont “rien de country”, comme ils l’ont précisé dans de nombreuse entrevues), écartelés entre Ottawa et Montréal, l’idée de revenir à la maison a été profitable. L’intimité de cette séance d’enregistrement pas comme les autres (cinq semaines à errer dans les corridors décrépits d’une école digne des meilleurs films d’horreur) a permis à Frédéric Levac de plonger en lui-même et d’écrire ses chansons les plus personnelles ce jour.

Mais les textes sont souvent secondaires pour ces trois maniaques de sons, qui ont passé le plus clair de la séance d’enregistrement à trouver les meilleurs textures, ambiances et couleurs pour mettre en valeur leurs chansons riches et planantes. La musique de Pandaléon est sédimentaire: elle se créée par une accumulation de strates sonores successives jusqu’à ce qu’elle emplisse l’espace tout entier. Le groupe joue avec les dynamiques, alternant le doux et le fort, l’aérien et le pesant.

Les chansons se déploient en de lents crescendos qui prennent parfois la forme de jams post-rock, comme sur Bulk Tank, qui atteint presque la barre de sept minutes alors que d’autres, comme le bref intermède Pythagore, un assemblage de sons captés dans l’école, relèvent presque de la musique concrète.

Bien que très incarné et proche de ses racines, Atone nous plonge dans une était de flottement. À l’instar de ses trois musiciens, attachés à leur Ontario natal mais désireux de porter leurs chansons à travers le monde, il s’agit d’un disque d’ici et de nulle part, qui emprunte à des palettes sonores et des genres variés. Un disque audacieux grâce auquel Pandaléon risque d’étendre son territoire bien au-delà des murs de sa petite école .