Rouge Pompier – Un duo hors de l’ordinaire
Sur sa page officielle, Rouge Pompier se décrit tout simplement comme un « band de rock à deux ». Ainsi réduit à sa plus simple expression, le duo formé de Jessy Fuchs et Alexandre Portelance pourrait presque avoir l’air banal.
Il n’y a pourtant rien d’ordinaire dans ce cocktail punk rock explosif et éclaté, qui ajoute de nouvelles saveurs à la recette anarcho-comique développée sur Kevin Bacon, leur album inaugural. Dès la première écoute de Chevy Chase, on se demande comment ces deux garçons, armés d’une seule batterie et d’une guitare (et de quelques autres instruments, savamment dosés), peuvent déplacer autant d’air. Seraient-ils en fait un quartette?
Non, ils sont toujours deux et toujours aussi iconoclastes mais peut-être encore plus déterminés. La légende veut que Jessy et Alexandre aient enregistré des dizaines et des dizaines de chansons (45, vraiment?) qu’ils auraient soumis à des « focus groups » en cours d’enregistrement. Les observations de ces bêta testeurs auraient permis de choisir les 13 chansons qui composent Chevy Chase ce qui nous prouve que Jessy Fuchs, qui est aussi le patron de sa propre étiquette, Slam Disques, est à l’écoute de son public.
Si le groupe aborde quelque sujets graves, comme l’obsession de la nostalgie et la peur de la mort sur Autobus, qui ouvre l’album, il reste fidèle à son esprit d’origine et montre les dents tout en faisant en clin d’oeil et en tirant la langue.
L’humour est encore un élément essentiel des chansons de Rouge Pompier, comme en témoigne Oudepelaille, sorte de croisement entre les Cowboys Fringants et les Denis Drolet (« J’ai un rendez-vous avec un cannibale », répète Jessy comme un mantra). On trouve aussi une chanson à la fois ironique et autocritique sur la paternité (Mercredi) dans laquelle Jessy justifie les reproches absurdes qu’il adresse à sa progéniture par une phrase assassine: « C’est moi qui paie ta garderie ». On passe ensuite de Red Hot Chili Pompier, allégorie grotesque sur la nature bestiale de l’homme, qui allie sexe et consommation de junk food; puis à Lois Lane, une fragile ballade au piano dont on attend qu’elle dérape en plein milieu, mais qui reste fragile jusqu’à la fin.
Rassurez-vous: le groupe est toujours aussi criard et bruyant, mais quelques couleurs nouvelles se sont ajoutées à la palette de Rouge Pompier.