Samito – Un pont culturel entre deux continents

Samito

Il a beau être né en Afrique, c’est au Québec que Samito a vraiment vu le jour. Originaire du Mozambique, Samuel Carlos Matsinhe est débarqué à Montréal en 2005, par désir d’aventure et d’horizons nouveaux, bien sûr, mais surtout par amour. Tel un Roch Voisine africain, il a quitté son pays pour les yeux d’une belle Hélène, fille de coopérants québécois installés au Mozambique. Et si la fille n’est plus dans le portrait aujourd’hui, Samito, lui, n’est pas resté sur la plage, les pieds dans l’eau. Il a pris racine sur son île, Montréal, dont il incarne parfaitement le nouveau visage, multiculturel, vibrant et imprévisible.

Nommé “Révélation Musique du Monde » par Radio Canada et suivi avec attention par les observateurs de la scène locale depuis quelque temps, l’artiste de 36 ans vient enfin de livrer un premier album étonnant et éclectique qui devrait ravir les fans de grooves novateurs. De quel genre de musique parle-t-on? Dans presque toutes ses entrevues, Samito décline poliment l’expression « musique du monde » et ce, même si on lui associe des qualificatifs du genre « 2.0 », voire « post-world ». Pourquoi, en effet, doit on absolument parler de fusion entre la musique africaine et la musique électronique, comme s’il ne pouvait y avoir de musique africaine électronique? Ou de musique tout court?

Difficile, en effet, de réduire le parcours de cet homme à un simple genre. Sa chanson Tiku La Hina, avec sa rythmique très appuyée, ses synthés et ses choeurs féminins, est probablement la meilleure distillation de l’esprit musical de Samito, en perpétuel équilibre entre l’Afrique et l’Occident. Mais son album contient aussi des parles mélancoliques comme Here We Go, qui, bien qu’elle soit classée sous le vocable «  afro beat » par mon lecteur, tient plus des Barr Brothers que de Fela Kuti.

Samito chante majoritairement en portugais, la langue officielle du Mozambique, mais aussi en anglais, en français et en xitswa, sa langue tribale maternelle. Et son côté polyglotte s’applique aussi aux langages musicaux: après avoir accompagné aux claviers des musiciens locaux également issus de l’immigration, comme Lorraine Klaassen ou Nazir Bouchareb, il collabore avec Nom de Plume (alias Alex Bilodeau, anciennement de Radio Radio) et entame une première mouture de son album en compagnie du réalisateur de réputation internationale Ivan Duran. Ce premier disque, qui devait paraître à l’automne 2015 fut finalement « tabletté » avant que Samito ne décide de recommencer avec de nouveaux musiciens (parmi lesquels on reconnaîtra les talentueux guitaristes Olivier Langevin et Joe Grass) et un nouveau réalisateur, Benoît Bouchard. Le résultat porte tout simplement le nom de son auteur.  Après tout, pas besoin de chercher midi à quatorze heures: à ceux qui lui demandent quel genre de musique il pratique, le chanteur pourra tout simplement répondre par le titre de son album: il fait du Samito.